Je supplie de mourir, pourquoi ne viens-tu point Garce ?
Accorde tes faveurs au lassé de la farce !… Délaisse les croyants, leurs
heures terrestres !… Ne passe pas chemin ! Ne me laisse pas
séquestre !…
Je supplie d’être épris, pourquoi ne baises-tu point Garce ? –
aussi garce et aveugle que ta rœusse Justice ! – Rendez-vous Saint-Sulpice
aux indigents !… aux mécréants qui pissent sur vos airs méprisants !
Je supplie d’étouffer, pourquoi ne tords-tu point Garce ? Sois
indulgente, élève mon échafaud !… N’emprunte point sa pitié au grand-frère
Villon… mais bien la voie la plus raide ! , et la plus efficace !
Je supplie de descendre, pourquoi ne creuses-tu point Garce ?… que
j’abreuve les rampants de mon sang et mes chairs !… et que mon épitaphe te
remercie vivement ! , et témoigne de ton geste en ces termes
vivifiants :
Ici gît Frères humains une âme reconnaissante que
l’on ait su calmer sa brûlure permanente.
Grand merci chère Amie ! , je vous suis
redevable. Votre labeur accomplissez avec grâce ; d’une mission
ingrate vous avez fait un sacre digne d’admiration, et d’une profonde dévotion.
Je vous prie Frères humains de bien vouloir croire,
que la Grande Faucheuse est avant tout Grande Dame ! ; ne la redoutez
point, concevez-la avec calme.
Car le jour venu, elle vous prendra la main… vous
mandera attention, avec tact et discernement… puis, d’un geste souple, vous
fera courber front, pour y poser son baiser et toute son affection.
(Extrait
ELP, Les Recueils Négatifs, Recueil -I "Le Spectre et la Carapace" ©
OBPI/BBIE n° i-depot 062740)
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