lundi 30 novembre 2015

CATHARSIS DE CROCODILE



Les larmes ne coulent plus depuis bientôt mille ans… n’irriguent guère plus qu’un cœur prisonnier en dedans… se mélangent au sang, goutte à goutte, dans les veines… font des tours puis aux portes du voyant reviennent.

Les larmes ont séché dans les tissus d’enfance !… À presque trente ans, faudra-t-il une naissance ? , ou un deuil ? , pour que pleure à nouveau le dément… que des larmes s’évaporent en nuages d’argent…

­— Ô larmes traîtresses, abandonneuses d’âme ! , qui laissez sans chagrin un honnête frère d’armes ! , prenez garde d’abreuver le torrent de colère qui se déverse encore entre les os et la chair !

Les larmes s’entêtent et résistent au canon ! Elles sont dames du monde et non dames de raison ! — Une passe de poudre, de lumière, de fumée : sera-ce là votre prix mes catins raffinées ?

— Ô larmes, viendrez-vous me rejoindre dans la tombe ?… aux tréfonds des trépas ? , à la dernière seconde ?… Quand sera venu temps d’adoucir les peurs du fini, du néant, calmerez-vous la douleur ?

Les larmes ont coulé sur mes os bien mille ans… Inondé le cercueil ! , submergés les mordants ! — Ô larmes, compagnes, vous vous êtes rachetées..  en embaumant le cadavre de mon éternité.


(Extrait ELP, Les Recueils Négatifs, Recueil -I "Le Spectre et la Carapace" © OBPI/BBIE n° i-depot 062740)

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