lundi 18 janvier 2016

HELIOS



Je te cherche à travers les épaisses vapeurs
Et les trainées de smog qui filtrent ta lumière
Je t’aperçois furtif au-delà des humeurs
Te fixe intensément malgré ta matière

Et ne te lâche plus ! Yôw Hélios ton cœur
Brûle le mien mon corps et son écorce et tous
Les éléments – cors nerfs ecchymoses tumeurs –
Qui composent ce gosse d’octobre non d’août

Cet enfant de la nuit et des pluies d’insomnie
A chaque battement de cils deux barillets
De six cartouches bleu turquoise d’énergie
Se déchargent mes yeux encaissant le billet

Et ça fait Blam ! Blam ! Blam ! dans l’ombre des paupières
Autrement meurtrières ces salves de joules
Allument mieux qu’on calme une foule émeutière
Plus que jamais en joue vissé comme une ampoule

Je me laisse percer bercer par le transfert
Jusqu’à devenir moi-même l’influx solaire
Com Bardamu devient bruit et température
Ou Proust le contenu de sa littérature

Ne contrôle plus rien quand soudain je m’enflamme
Un feu ! non de ceux feux follets fruits d’artifices
Ni de ces combustions qui vous anéantissent
Mais de ces incendies qui vous redorent l’âme

Je la sens l’intuition me parcourir la gamme
Jouer note après note sur feu ma colonne
A présent vive torche épine où fond la moelle

Ô colosse Hélios je ne suis plus que grammes
A peine une poignée un esprit de Phoenix
Qui se voit s’envoler en cendres dans le vent

Par-delà l’horizon vers un lointain braisé
Un total oblivion où je te cherche encore

Oisillon de lueur à travers la fumée
A travers la nuée pure oiseau de lumière

Où je te fixe encore malgré ta matière





Notes :
« On en a eu tellement plein les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, tout de suite, du bruit, que je croyais bien que c’était fini, que j’étais devenu du feu et du bruit moi-même » (Céline, Voyage)
« Il me semblait que j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint » (Proust, Du côté de chez Swann)
Oblivion : oubli

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